Trop de “scroll”, pas assez d’attention: pourquoi notre cerveau sature?
On ne va pas se mentir: aujourd’hui, on passe énormément de temps sur nos écrans. Et même quand on croit se détendre, on continue à défiler du contenu sur Instagram, TikTok, YouTube… Ce défilement sans fin (qu’on appelle «scroll») n’est pas neutre. Il change notre manière de penser, d’agir, de ressentir. Il épuise notre capacité à faire attention aux choses vraiment importantes.
Et ça, on le voit de plus en plus en séance de thérapie: fatigue mentale, difficulté à se concentrer, agitation intérieure, stress diffus, irritabilité, sommeil léger, besoin constant de distraction…
Aujourd’hui, nous sommes tous et toutes concerné·es par ce fléau.
Ce que ça fait vraiment à notre cerveau
À force de zapper d’un contenu à l’autre:
Notre cerveau reste en surface. Il n’a plus le temps de se poser, de réfléchir en profondeur.
On s’habitue à la récompense immédiate (likes, vidéos courtes, nouveautés), donc on perd la motivation pour les choses qui prennent du temps: lire un livre, cuisiner, faire du sport, construire un projet.
On devient dépendant·e à la stimulation externe: dès qu’il n’y a plus rien, on se sent vide.
Et surtout… on devient moins attentif ou attentive à soi-même, son corps, ses émotions, ses besoins réels.
Pourquoi se sent-on fatigué·e alors qu’on n’a “rien fait”?
Le cerveau, lui, a bossé non-stop. Chaque scroll, chaque vidéo, chaque notification déclenche une micro-réaction chimique (la fameuse dopamine en fait partie). Mais comme il y en a trop, trop souvent, ça finit par saturer les circuits et créer une sorte de brouillard mental.
Et dans ce brouillard:
On ne sait plus ce qu’on veut vraiment.
On oublie facilement ce que l’on vient de faire.
On réagit vite mais on réfléchit moins.
On dort mal (surtout si on regarde l’écran juste avant de dormir).
Et si on reprenait la main sur notre attention?
Il ne s’agit pas de tout couper et de vivre comme en 1900. Mais simplement de reprendre un peu le contrôle. L’attention, c’est comme un muscle: si on ne l’utilise plus consciemment, elle s’atrophie.
Voici quelques pistes concrètes que je propose souvent en stage ou en séance et que vous pouvez tester chez vous:
1.Bouger régulièrement
L’activité physique (même 10 minutes) remet de l’ordre dans le système nerveux. Quand on est trop dans sa tête (surchargé, agité, déconcentré) bouger devient un levier simple mais puissant. En marchant, en courant, en s’étirant ou en respirant plus profondément, on délègue une partie de la charge mentale au corps. L’activité physique mobilise des circuits neurologiques qui court-circuitent temporairement le flux de pensée, recentrent l’attention sur des sensations concrètes et permettent au système nerveux de retrouver une forme de clarté.
2. Expérimenter le froid
Une douche froide ou une immersion courte, c’est radical. Ça nous sort immédiatement du mental pour nous reconnecter au corps. C’est un moyen simple, direct, de ramener l’attention à sa juste place: ici et maintenant. D’ailleurs, le thème de l’attention sera au cœur de mon stage de préparation au froid cette année, parce qu’on ne travaille pas seulement le corps… on entraîne aussi l’esprit.
3. Faire une chose à la fois
Manger sans écran. Marcher sans téléphone. Parler à quelqu’un sans distraction (on revient toujours au téléphone). Lire sans interruption. Ça paraît simple, mais c’est devenu rare… et pourtant, c’est un vrai rééquilibrage pour le cerveau.
4. Respirer, ralentir, observer
Fermer les yeux pendant deux minutes, respirer profondément, écouter les sons autour de soi…
Pas besoin d’être moine bouddhiste pour le faire, il suffit d’être là, vraiment. Et souvent, ça suffit à calmer le stress et, surtout, à ramener l’attention dans l’instant présent. Beaucoup d’exercices de méditation sont construits à partir de ces éléments simples. Ce sont des pratiques accessibles à toutes et tous, que l’on peut intégrer facilement dans son quotidien, sans besoin de s’asseoir des heures ou de suivre une méthode compliquée.
5. Décrocher un peu chaque jour
Couper les écrans 30 minutes le matin, ou après 20h le soir. Se faire une routine sans notifications. Laisser le téléphone dans une autre pièce quand on lit, cuisine, marche ou médite. Juste pour laisser au cerveau un peu d’espace.
Revenir à ce qui compte vraiment
L’attention, c’est ce qui donne de la valeur à ce que l’on vit. Si elle est dispersée, notre vie l’est aussi. Mais si on apprend à la recentrer, on retrouve du calme, de l’énergie, de la clarté. Ce que j’observe dans mes accompagnements, c’est que quand on remet du corps, de la respiration, du mouvement naturel, du lien à l’environnement, alors petit à petit, l’attention revient. On dort mieux, on digère mieux, on pense plus clairement. Et on recommence à faire des choix plus justes pour soi.
Ce n’est pas une lutte contre la technologie, c’est un retour à l’essentiel… un iota après l’autre